Ulrich Talla Wamba, acteur du livre jeunesse en Afrique

Article : Ulrich Talla Wamba, acteur du livre jeunesse en Afrique
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17 décembre 2023

Ulrich Talla Wamba, acteur du livre jeunesse en Afrique

Quelques auteurs de la maison d’éditions jeunesse Akoma Mbah, maison dirigée par Ulrich Talla Wamba. Crédit : Adelaïde Fouebou.

Nous avons rencontré Ulrich Talla Wamba, un acteur de la littérature jeunesse en Afrique. Précisons qu’Ulrich Talla Wamba est Auteur, et Directeur de Maison d’Éditions Jeunesse depuis 2019. On entend aussi régulièrement sa voix sur les antennes de RFI car il y tient une chronique littéraire. Il a bien accepté de répondre à nos questions dans les jardins du Monument de la Réunification à Yaoundé. Les lieux ayant abrité  du 13 au 16 Décembre dernier un évènement remarquable : « le Salon International du Livre Jeunesse et de la Bande Dessinée de Yaoundé (SALIJEY) ».

Ulrich Talla Wamba au SALIJEY ( Monument de la réunification à Yaoundé). Crédit : Adelaïde Fouebou

Bonjour Ulrich Talla Wamba

Ulrich Talla Wamba tout souriant : Bonjour

On vous voit régulièrement dans des salons du livre jeunesse, aussi bien en Afrique qu’en Europe puisque vous êtes auteur et éditeur. Tout récemment vous étiez à Montreuil. Et, vous êtes l’un des acteurs principaux de l’organisation de cet évènement. Dites-nous comment est né ce projet

Le projet est né il y a trois ans, et a véritablement prit corps depuis deux ans. Nous sommes à notre deuxième édition, la toute première a eu lieu l’an passé.

Ce jardin est certes bondé de monde. Nous avons ici des auteurs, des enfants et des adultes. Mais qu’en sera-t-il après, quand on sait que les bibliothèques ne sont pas très nombreuses en Afrique. Au Cameroun par exemple, on parle d’une bibliothèque pour 406779 habitants. Malgré tout vous organisez un tel salon, quel est l’objectif du SALIJEY ?

L’objectif principal c’est de participer justement à la construction d’une industrie du livre jeunesse en Afrique. Nous faisons participer les auteurs pas seulement du Cameroun, mais aussi ceux de la sous-région. L’an dernier nous avons eu dix pays. Cette année nous avons doublé la mise, cela contribuera sans doute à faire bouger les lignes.

Comment parviendrez vous à faire bouger les lignes, quand on sait que la lecture n’est pas toujours un fait culturel de masse en Afrique. Les statistiques disent que 92% des enfants qui achèvent leur cycle primaire ne savent pas vraiment lire ou écrire. Avec cela, quels avantages tire-t-on à réunir autant d’auteurs ?

Les avantages sont nombreux. Il y a la découverte, et aussi l’accès au livre. L’objectif de ce salon c’est aussi d’encourager la lecture  auprès des tout petits. Nous avons ici plein d’enfants, et des livres à leur disposition. Il vont se familiariser aux livres, et lire va rentrer dans leurs habitudes. Et ce sera déjà quelque chose de gagner. Il faut aussi noter qu’ils ne viennent pas que pour lire, mais aussi pour faire autre chose.

Lorsque vous parlez d’autres choses, il s’agit de quoi ?

Il s’agit de tout ce qui est en rapport avec les activités ludiques et éducatives. Pour nous, c’est très important d’allier les deux, afin de susciter un intérêt particulier pour l’art et la culture, pour les livres.

Les enfants se prêtant aux jeux des questions réponses dans les jardins du monument de la réunification à Yaoundé. Crédit : Adelaïde Fouebou

Vos principaux invités sont des auteurs ou des représentants des maisons d’éditions ?

Nous invitons tous les acteurs de la chaine du livre c’est-à-dire les auteurs, les éditeurs, les imprimeurs, les diffuseurs, les distributeurs. Bref, chaque maillon de la chaine est pour nous un élément essentiel.

Parlons à présent du programme. Lorsque nous lisons ce programme du SALIJEY 2023, nous constatons qu’il a été savamment pensé. Et, les intervenants viennent effectivement de plusieurs pays.

Tout à fait (Sourire). Nous consacrons des journées aux différents acteurs de la chaine du livre. La première journée est consacrée au Pr. Charles Binam Bikoi, auteur de livre jeunesse connu au Cameroun et à l’étranger.

Et vous avez aussi fait un clin d’œil aux acteurs de la bande dessinée. Il faut dire que la bande dessinée fait de plus en plus parler d’elle dans des festivals et salons en Afrique.On en parle au Sénégal, en Côte-d’ivoire, au Congo et même en Afrique du Sud.

Absolument, nous rendons hommage pas à une personne le deuxième jour, mais à un évènement : Le festival Mboa BD qui a célébré cette année sa quatorzième édition. Ça ne peut pas passer inaperçu. Il faut encourager ce genre d’initiative aussi au Cameroun, autant qu’on le fait ailleurs.

Un illustrateur Africain. (Crédit : Wikimédia Commons)

Et ce n’est pas tout, il y a d’autres journées puisque le SALIJEY va du 13 au 16 Décembre. Vous faites la part belle aux femmes.

Ce n’est pas tout. Vous savez les femmes sont très créatives. Et nous avons tenu à leurs rendre hommage. C’est ainsi que nous avons la troisième journée dédiée à Beatrice Lalinon Gdado parce que c’est une auteure béninoise très prolifique qui a publiée plus de quarante livres. Il faut encourager cela. Elle est également très présente dans des salons du livre jeunesse à travers le monde. C’est à féliciter.

Et la quatrième journée est un hommage à Pascale Siew. Pascale est une auteure de l’Île Maurice qui œuvre depuis trente ans dans la vulgarisation de la lecture là-bas dans les Îles. Elle dirige les éditions VIZAVI créées en 1993. Nous n’oublions pas Benasir Ali Abbas qui est à son premier ouvrage, nous vient du Tchad, et qui va passer plusieurs jours avec nous.

Beatrice Lalinon Gdado au salon du livre de Genève. (Crédit : Wikimédia Commons)

Vous avez donc une vision véritablement internationale ?

Effectivement, nous avons aussi des intervenants venus de France. Précisons que cette édition est soutenue par l’institut Français de Paris. C’est dire à quel point nous sommes déterminés à travailler avec les acteurs de plusieurs pays.

Comment parvenez-vous à fédérer tous ces acteurs et auteurs ? Des acteurs des autres pays Africains, ceux d’Europe et peut-être aussi ceux venant d’Amérique ?

(Sourire) Tout simplement en s’intéressant à ce qu’ils font. Nous voulons aussi associer les autres. Construire ensemble et partager. Car,nous allons aussi à des salons du livre en Afrique et en Europe, question de voir ce qu’ils font en bien et, reproduire cela à notre tour.

Revenons à vous. Vous êtes auteur de quatre livres jeunesse, Directeur d’une maison d’édition jeunesse et Directeur de l’OAPE AFRICA. Comment parvenez-vous à gérer tout cela ?

Je reconnais que ce sont de grandes responsabilités, mais il faut savoir s’organiser. Et aussi, lorsqu’on a de bons collaborateurs, tout se passe bien.

A quand votre prochain livre ?

Probablement l’année prochaine

Ulrich Talla Wamba nous vous remercions de nous avoir prêté votre oreille, et vous souhaitons bonne continuation.

C’est moi qui vous remercie. Bonne continuation à vous également.

Propos recueillis par Adelaïde Fouejeu Fouebou

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