« Il faut parler de littérature panafricaine », selon l’écrivain Eugène Edodé

Article : « Il faut parler de littérature panafricaine », selon l’écrivain Eugène Edodé
Crédit: Adelaïde Fouebou
20 février 2023

« Il faut parler de littérature panafricaine », selon l’écrivain Eugène Edodé

L’Institut Goethe Kamerun a organisé du 16 au 19 Février 2023 une série de réflexions dédiées à la littérature africaine. Les acteurs du livre sont venus de plusieurs pays d’Afrique pour s’y retrouver, dont l’écrivain Eugène Edodé, qui a donné des pistes pour redonner de l’importance à la littérature sur le continent.

Des éditeurs, écrivains et illustrateurs sont venus de plusieurs pays pour célébrer la littérature africaine. Ils ont non seulement parlé des œuvres littéraires africaines, mais ont aussi présenté une sélection de livres africains.

Car, selon certains, cette littérature n’est pas suffisamment mise en exergue. Il faut donner de la visibilité aux auteurs africains, qui peine encore à s’éditer sur le continent et à faire contrepoids à l’offre de livres en provenance d’Europe. Parmi les invités de marque était présent l’écrivain Eugène Ebodé, écrivain et actuellement administrateur de la Chaire des Littératures et des Arts Africains à l’Académie du Royaume du Maroc. Ce panafricaniste convaincu a abreuvé les amateurs de littérature de l’Institut Goethe de Yaoundé le 18 Février 2023.

Eugène Ebodé à l’institut Goethe Kamerun.
Crédit : Adelaïde Fouebou

Mettre sur pied de grandes maisons d’édition

Pour faire face aux défis qui touchent la littérature africaine, l’écrivain Eugène Ebodé a insisté sur la collaboration africaine. Selon lui, « Les Afriques, qu’elles soient blanches ou noires, qu’elles soient du Nord ou Subsahariennes, peuvent engager des coopérations entre elles. » Il ajoute que les livres africains doivent être traduits en plusieurs langues, pour qu’ils soient accessibles sur tout le continent : « La langue ne doit pas les séparer, elle doit être une force et non une faiblesse. »

Pour Eugène Ebodé, c’est une interpellation. Il poursuit : « Les acteurs du livre doivent se mettre au travail. Ils doivent mettre sur pied de grandes maisons d’édition répondant à ces nouvelles normes.« 

On comprend donc par-là que ces acteurs doivent être formés, afin que la chaîne de production du livre soit efficace à tous les niveaux, dans tous les pays Africains.

Pour lui, l’importance de la littérature africaine est colossale. « Les colloques et séminaires adressés aux enseignants chercheurs doivent être organisés. Il est important en parlant de littérature, de parler de littérature panafricaine« , il rappelle. « L’Afrique c’est 54 pays, c’est aussi la moitié des langues du monde !« 

Photo de famille !
Crédit ; Adelaïde Fouebou

La pensée n’est pas réservée à un seul peuple

L’écrivain fait partie de ceux qui savent que la pensée n’est pas réservé à un seul peuple. Citant Fela Ramsom Kuti, Eugène Ebodé souligne que chaque peuple, chaque pays, chaque continent a ses propres problèmes. L’Afrique a les siens, notamment ses problèmes dans sa chaîne de production littéraire. Il faut y remédier.

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Comme il le dit si bien, « les problèmes de l’Afrique sont nos problèmes, nous allons ensemble les régler. » Il continue en précisant que les problèmes liés à la littérature ont besoin des éditeurs évidemment, mais aussi des diffuseurs, des écrivains et des lecteurs.

Et tout cet ensemble qui forme la chaîne du livre est invité à l’Académie du Royaume du Maroc, rappelle-t-il.

L’écrivain Eugène Ebodé et quelques éditeurs Africains.
Crédit : Adelaïde Fouebou

Un soft power

L’horizon à l’Académie du Royaume du Maroc, précise-t-il, est que la diplomatie culturelle qu’on appelle le soft power soit une diplomatie exercée par chaque acteur. Pour cela, il faut faire en sorte que les acteurs du livre puissent s’asseoir sur une même table, pour une bonne négociation. Ainsi, les éditeurs, les écrivains, les créateurs pourront circuler librement. Tout cela passe bien entendu aussi par l’organisation des séminaires de formation, et colloques. L’Académie du Royaume s’y est déjà engagée.

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Le premier colloque a eu pour thème « le plagiat », qui n’est plus perçu comme dans les années 70. Il est aujourd’hui condamné, alors que l’intertextualité est tolérée. Tandis que le plagiat consiste à copier indûment le ou les passages d’une œuvre, l’intertextualité est la perception, par le lecteur, des rapports entre une œuvre et d’autres qui l’on précédée ou suivie. En conclusion, certains emprunts peuvent être tolérés de nos jours, mais pas des copies intégrales.

Ensuite, alors que le deuxième colloque était axé sur la famille, le troisième présentait les inventions des écritures et l’état narratif des langues Africaines. Le quatrième, a-t-il annoncé, aura lieu au mois de mars prochain.

Rendre son importance à la littérature africaine

Toutes ces initiatives autour de la littérature Africaine ont un but : rendre son importance à la littérature africaine. Pour cela, les Africains doivent savoir quelles sont leurs figures sacrées. Naturellement, si l’on veut mieux avancer, il faudrait connaître les auteurs du passé.

Il est également clair que l’édition en Afrique ne concerne pas seulement les éditeurs. Pour avoir des livres de qualité, tous les acteurs de la chaîne du livre doivent se mettre ensemble. Par ailleurs, il faut aussi briser les barrières linguistiques et produire des livres qui seront traduits en plusieurs langues. Souhaitons bon vent à la littérature Africaine.

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